1. Les huîtres m’ont inspirée un concours
Saviez-vous qu’il existe des concours d’ouvreurs huîtres ? Réunis dans des festivals sympathiques à travers le monde et formant une sorte de confrérie, des passionnés du noble mollusque s’escriment chaque année à battre des records. C’est celui qui arrivera à ouvrir le plus rapidement et le plus proprement sa douzaine d’huîtres. Cette année, à l’Île-du-Prince-Édouard, la première place a été remportée par Robert Daffin qui a réussi l’exploit en 1 minute, 14 secondes!
Bref, ce concours m’a inspiré le 1er Combat des chefs pour la Citrouille d’or. Dans le cadre de la Journée complètement citrouille! qui a eu lieu samedi dernier au Marché Jean-Talon, ils étaient trois à rivaliser de combativité pour ouvrir et évider leur panier rempli de citrouilles. Les Jack-be-Little, Baby Boo, Lady Godiva, citrouille à verrue, citrouille blanche et citrouille « normale » faisaient partie du lot.
Aux côtés de Louis Gravel de la brasserie Quai no.4 et de Lucie Rodrigue, une vaillante alliée dans ma lutte contre le gaspillage des citrouilles, c’est le chef Javier Muñoz du restaurant El Rey del Taco qui a remporté le combat épique. Pas étonnant quand on pense qu’il est d’origine mexicaine, tout comme l’ancêtre de la citrouille !
Et oui, les citrouilles seraient le fruit de la domestication des Cucurbita pepo originant du Mexique, et tout ça remonterait jusqu’à il y a des milliers d’années.
2. Un potage à la citrouille garni d’huîtres… j’en veux!
Alors que j’étais dans l’écriture de mon livre Sous le charme des courges et des citrouilles, l’auteure et historienne Hélène-Andrée Bizier m’a confié qu’elle faisait un potage extraordinaire à la citrouille et aux huîtres. Je n’ai pas encore eu le plaisir d’y goûter mais je n’ai aucun doute que le mariage liquéfié de citrouille et d’ huîtres, des ingrédients au goût délicat, doit être harmonieux. C’est aussi à cette femme fascinée par la gastronomie que je dois la citation tirée d’une lettre adressée de Québec, en 1668, par Marie de l’Incarnation à son fils Claude Martin vivant à St-Maur, en France :
« […] L’estime que je vous dis les années dernières des citrouilles des Iroquois vous en a donné l’appétit. Je vous envoie de la graine, que les Hurons nous apportent de ce pays-là, mais je ne sais si votre terroir n’en changera pas le goût. On les apprête en diverses manières : en potage avec du lait et en friture ; on les fait encore cuire au four comme des pommes ou sous la braise comme des poires ; et de la sorte il est vrai qu’elles ont le goût de pommes de rainettes cuites. […] »
Un brin d’histoire
En fait, dès les premières heures de la Nouvelle-France, les colons français imitèrent le peuple amérindien des Wendate-Hurons qui cultivait et mangeait la citrouille. Même que les coureurs des bois en ont planté dans leurs postes de traite, au milieu de la forêt. Pour ce qui est de l’Halloween, c’est au 19e siècle que cette fête d’origine celte aurait fait de la citrouille la reine. Le navet utilisé par les Irlandais venus en Amérique pour fuir la famine a été supplanté par la citrouille. Plus facile à sculpter, rien de tel, encore aujourd’hui, pour confectionner des lanternes au pouvoir anti-fantôme!
3. Huîtres et citrouille à l’apéro, pourquoi pas?
Un de mes coups de cœur avec la citrouille, c’est ma tartinade caramélisée à l’érable. Inspirée d’une recette à base de pommes du chef-pâtissier Patrice Demers, elle consiste à confire et caraméliser au four des languettes de citrouille dans du sirop d’érable avec un peu de beurre. Un délice on ne peut plus terroir! Comme il y avait un surplus de tranches de citrouille à la maison, mon prince charmant en a fait des chips cuits au four pour accompagner des belles huîtres fraîches. Il a tout simplement enduit les minces morceaux de citrouille d’huile d’olive, les a saupoudrés de fleur de sel pour ensuite les griller au four à 400 F (200C) quelques minutes. N’est-ce pas une idée originale pour l’apéro? Et pourquoi ne pas accompagner le tout d’une de nos bières à la citrouille pendant qu’il en est encore temps… Santé!
Louise, carrément citrouille
Références:
Michel Lambert, Histoire de la cuisine familiale du Québec, ses origines autochtones et européennes (vol. 1), Les Éditions GID, 2006.
Hélène-Andrée Bizier et Robert-Lionel Séguin, Le menu quotidien en Nouvelle-France, Art Global, 2004.
Photo du Combat des chefs pour la Citrouille d’or : Christian Castonguay
Autres photos: gaglou
Illustration: Jacques Goldstyn (tirée du dossier Citrouilles, courges et potirons du périodique Quatre-Temps – la revue des amis du Jardin botanique de Montréal, Numéro d’automne 2012)