Paris XVe : Le Grand Pan

J’ai un grand problème. Je n’ai pas mon restaurant à Montréal. Vous savez, le genre de restaurant où, quand le serveur vous voit, il sait ce que vous boirez en apéro et sait que vous aimez votre boeuf saignant. Le genre de restaurant où le chef proprio vient vous voir en salle pour vous dire bonjour et vous annonce qu’il va mettre de la tarte aux framboises de côté parce qu’il sait que c’est ce que vous aimez. Ça, c’est une partie du problème.

L’autre partie du problème, c’est que mon resto existe mais il est loin. Il est à Paris. Et même à Paris, le resto est loin, dans le 15e, dans un quartier plutôt résidentiel, tout près du parc George Brassens.

Benoit, le sympathique chef du Grand PanJ’ai découvert Le Grand Pan il y a deux ans. Mes copines Zoé et Christelle habitaient au-dessus du resto, et le soir de notre arrivée, elles nous invitent dans leur restaurant, au rez-de-chaussé. Nous sommes reçus par Arnaud en salle. Benoit, le chef propriétaire vient leur faire la bise. Il a ouvert le Grand Pan presque en même temps que sa femme a accouché de leur fille. Le bébé et le resto se portent bien!

Deux ans plus tard, me revoici au Grand Pan. La petite salle n’a pas changé : deux grandes tables communes et le zinc à l’entrée, et derrière, l’autre salle, aux tables rapprochées les unes des autres. En tout, une quarantaine de places, une micro cuisine où travaillent trois personnes. Des boiseries foncées, des murs beige pâle, une magnifique peinture d’un taureau qui charge (on est du Sud-ouest après tout), une ardoise où le menu court s’égraine.

Nous sommes au Grand Pan pour célébrer le 50e anniversaire de mariage de mes parents. Après 10 jours de croisière en Bourgogne, je ne pouvais concevoir souligner cet événement ailleurs en France que dans MON restaurant. Nous sommes dix et Arnaud nous dirige vers une des grandes tables communes de l’entrée. Benoit sort de cuisine et vient nous serrer la pince. Je suis à la maison!


En guise d’apéro, du Cerdon! Vin rosé pétillant tout à fait original originaire de Cerdon en Rhône-Alpes. J’en rêvais depuis deux ans et le verre est maintenant devant moi. C’est un peu sucré, aromatique et ça pétille sur la langue. On nous apporte des planches de charcuterie : andouilles, boudin, chorizos et saucissons. J’ai mangé du boudin! Ce n’est pas peu dire!
Arrivent ensuite des petites coupes de verre. Dans leurs fonds, amandes grillées, lardons et ciboulette sur lesquels sera versée une onctueuse crème de bolets qui goûte bon la forêt. (Benoit m’a promis la recette pour Bouchées Doubles!) Un miracle se produit alors : Sylvain qui déteste les champignons vide son verre et se pourlèche les babines!



Une autre planche fait alors son apparition : girolles sautées surmontées d’une croustillante chip de bacon et une mousse de tourteau surmonté d’une petite salade de fins haricots. Les champignons sont savoureux, la mousse de tourteaux bien rafraîchissante et le miracle se reproduit : Sylvain dévore sa portion au complet! Bravo Benoit!

Puis la pièce de résistance, la spécialité de la maison, la viande grillée! Côte de bœuf, côte de porc et côte de veau! Des belles pièces de viandes bien épaisses, cuitent à la perfection, nappées d’un peu de sauce et d’oignons verts hachés. La viande fond dans la bouche tant elle est tendre. Les belles grosses frites coupées au couteau, assaisonnées d’un peu d’échalotes sautées et une simple salade verte soutiennent la protéine. Simple et savoureux.

Nous peinons à finir ces montagnes de chairs grillées, puis, changement de stimuli, les desserts arrivent : mousses chocolat/cannelle, macaron crème pâtissière et fraises, soupe de melon et petits fruits. On prend une bouchée, passe l’assiette à notre voisin ou gardons jalousement notre douceur. Certains des desserts proviennent de la pâtisserie Blé Sucré du Faubourg Saint-Antoine qui a fort bonne réputation.

Ne reste plus que le digestif (manzana et quelques armagnacs) en placotant et en laissant la soirée tranquillement se transformer en nuit.

Mon seul regret de la soirée? Être à Paris seulement trois jours et ne pouvoir retourner une autre fois dans mon resto!

Si vous décidez de vous rendre au Grand Pan (et vous devriez le faire!), voici quelques détails : on est ouvert du lundi au vendredi pour le déjeuner et le dîner (pour nous, dîner et souper). Les portions de viandes sont pour deux personnes et comprennent généralement la soupe du jour, les frites et la salade (compter environ 40 euros). On peut commander des légumes en extra. En plus des trois viandes, selon les saisons, un ou deux autres items se retrouvent à la carte (en juillet, c’était le homard bleu de Bretagne cuit «a la plancha»). Quelques plats plus légers agrémentent la carte du midi (et quelquefois il en reste au dîner, alors informez-vous). Au Grand Pan, on reçoit le vin en barrique directement du producteur et on vous le sert en carafe.

Je vous prête mon resto si vous voulez…

Le Grand Pan
20, rue Rosenwald XVe
75015
01 42 50 02 50

Photos: Geneviève et Antoine

One thought on “Paris XVe : Le Grand Pan

  1. Peut-être pas le boudin… mais pour le reste je suis partante.

    Et puis, c’est vrai que c’est difficile d’avoir « son restaurant ». C’est pas drôle quand il y a juste un waitress du McGill Pizza qui sait que tu aimes ton thé avec du citron.

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